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01/01/1983 | L'extermination par la faim et le sous-développement dans le monde
Trois ans de politique radicale (1979-1982)
Groupe parlementaire radical - Chambre des députés
par Gianfranco Dell'Alba



SOMMAIRE: [Opuscule rédigé par les structures opérationnelles des radicaux au Parlement pour être diffusé à des fins d'information. Il représente un point de départ et de repère utile pour suivre la chronologie et le déroulement de la Campagne contre l'extermination par la faim durant ses trois premières années. N.d.R.]. Il se divise en une Préface et trois petits chapitres.
1. l'action des radicaux en Italie et en Europe. Exposition chronologique des initiatives assumées par Marco Pannella et par les radicaux.
1979. Dénonciation du "nouvel holocauste", conséquence du "désordre économique international; demande au gouvernement italien de destiner au moins 0,7% du PNB à la solution du problème; "Marche" de dialogue avec le monde catholique, jeûne, rapport avec les Organismes internationaux, etc.
1980. Nouveau jeûne; initiatives au Parlement Européen; Congrès extraordinaire du P.R.; initiatives de Pâques; tentatives de faire adopter par le P.E. l'essentiel des propositions radicales.
1981. Débat au sein de la Convention de Lomé; augmentation des allocations décidées par le parlement italien; fondation de l'Association Food and Disarmament International, Appel des Nobel; approbation au P.E. de la Résolution proposée par Marco Pannella; lancement en Italie d'une proposition de loi d'initiative populaire et récolte de signatures.
1982. Opération survie 1982; initiatives au Parlement italien; Marche de Pâques des Nobel et des cinquante mille; Appel des Maires; nouvelles initiatives au P.E. pour obtenir l'application de la Résolution déjà votée; adhésion de 160 évêques, etc.
2. Les premiers résultats concrets. Description des objectifs poursuivis dans la campagne et résultats obtenus, en termes de: A) Allocations opérationnelles, B) Campagne d'information et de sensibilisation.
3. Les propositions radicales. Illustration des indications et des projets avancés par les radicaux, durant la campagne pluriannuelle, pour affronter le problème.
Le premier argument mis au point fut celui "juridique": faire respecter les engagements pris par la Communauté internationale et par les Gouvernements. En second lieu, les radicaux ont essayé de faire respecter au Pays contractants l'engagement pris en 1974, à l'occasion de la Conférence Mondiale de l'Alimentation à Rome ("Vaincre avant dix ans le fléau de la faim et de la malnutrition"). Pour finir, les radicaux ont également fait pression pour que le Conseil de Sécurité des Nations Unies soit saisi du problème "considéré sous l'angle d'une grave menace pour la paix et la sécurité internationale". Dans la seconde phase de la lutte, les radicaux ont lancé le slogan ("Assurer des vivants au développement est possible, il faut le faire tout de suite") sur lequel les Nobel se sont mis en action avec leur appel, pour essayer de créer tout de suite "les conditions concrètes d'un vrai processus de développement"...


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Sommaire:

Préface
1. L'action des radicaux en Italie et en Europe
2. Les premiers résultats concrets
3. Les propositions radicales
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Préface

L'année 1979 fut proclamée par les Nations unies Année Internationale de l'Enfant. En janvier de la même année l'UNICEF, l'agence spécialisée de l'ONU qui s'occupe précisément des problèmes de l'enfance, publia un rapport dont il ressortait que plus de 17 millions d'enfants de moins de cinq ans seraient morts au cours de la même année de maladies et de privations qui toutes avaient la même origine de fond: la faim et la malnutrition, ce fléau qui à l'époque des découvertes technologiques les plus sophistiquées aurait continué à tuer plus de 30 millions de vies humaines. Le rapport UNICEF, pour une fois, ne resta pas dans les tiroirs des bureaucrates internationaux, mais fut l'occasion pour le lancement d'une campagne sans précédents.

Cette analyse sommaire en est un témoignage.

1. L'action des radicaux en Italie et en Europe

1979

En février 1979, Marco Pannella dénonça pour la première fois en Italie au niveau politique le drame de l'extermination par la faim dans le monde et accusa les gouvernements des pays "riches" d'être de fait complices du nouvel holocauste, la malnutrition étant dans le monde davantage le fruit d'un véritable "désordre économique international" que d'une pénurie d'aliments. Au contraire, il prouve facilement qu'alors que l'Afrique en 1945 était exportatrice nette de produits céréaliers alimentaires, maintenant elle est obligée de les importer, et de plus en plus, à cause des monocultures de produits tropicaux d'exportation que la division internationale du travail a imposé aux anciens pays coloniaux. Ainsi, alors que l'on assiste chaque année au renouvellement du contrat de vente de blé américain à l'Union Soviétique, malgré les intentions de "guerre économique" menacées à plusieurs reprises par l'Administration Carter, et à présent par Reagan, à l'encontre du bloc de l'Est, dans les Pays du Tiers Monde on meurt justement par manque de ces deux douzaines de millions de tonnes de céréales qui si elles étaient équitablement réparties parmi la population, surtout rurale, ou s'il était possible de les produire sur place, et si elles étaient intégrées par un minimum d'infrastructures hygiéniques et sanitaires, permettraient de réduire fortement le problème de la faim. Et cela sans parler naturellement du problème de la course aux armements qui voit destiner dans le monde plus de 750 milliards de dollars à la production ou à l'achat d'armes, alors que 32 milliards de dollars seulement sont destinés, en tout et pour tout, à l'aide publique au développement.
Marco Pannella et tout le Parti radical en demandent compte en premier lieu, évidemment, au Gouvernement italien. Ils demandent, notamment, le respect immédiat des obligations internationales contractées par l'Italie en thème d'aide publique au développement. Cela signifie exiger tout de suite la mise à effet de la Résolution 2626 approuvée par l'Assemblée Générale des Nations Unies le 24 octobre 1970, qui oblige les Gouvernements des pays industrialisés à verser au moins 0,7% de leur Produit National Brut, comme aide publique au développement.

En 1979 l'Italie ne contribuait que pour 200 millions de dollars, l'équivalent de 0,008% seulement de son Produit National Brut. Face à cette situation, Pannella commence une grève de la faim et demande au Gouvernement d'allouer immédiatement 5.000 milliards de lires comme aide publique au développement, l'équivalent de 1,40% du Produit National Brut, dont 2.500 milliards comme versement ordinaire pour respecter l'engagement pris sur la base de la Résolution 2626, et 2.500 milliards comme contribution "una tantum" pour toutes les allocations qui n'ont pas été versées les années précédentes. On constitue un Comité pour la Vie, pour la Paix et pour le Désarmement, qui réunit des hommes politiques, de la culture et de la science, des autorités religieuses et de simples citoyens au nom de l'engagement contre l'extermination par la faim.

A Pâques, le Comité et le Parti radical organisent la première Marche contre l'extermination de Porta Pia au Vatican, pour témoigner l'importance qu'un mouvement laïque attribuait à une parole ferme du Pape contre l'extermination et pour souligner que seule une mobilisation des consciences pouvait invertir la tendance en cours. Les participants à la manifestation (plus de 10 mille) à la tête desquels se trouvent Umberto Terracini, Aurelio Peccei, Susanna Agnelli, Giorgio Benvenuto, en plus des représentants radicaux, sont reçus devant le Quirinal (1) par le président Pertini (2) qui répète à cette occasion son appel à "vider les arsenaux et remplir les granges", tandis que le Pape dans son discours "urbi et orbi" affirme qu'il n'y aura pas de paix dans le monde tant que ne sera pas assurée à tous les hommes "une vie digne des enfants de Dieu".

Pannella suspend son jeûne pendant quarante jours, car entre-temps de nouvelles élections avaient été convoquées, et répondant en outre à une invitation du Président de la République, du Premier Ministre Andreotti (3) et des Présidents des deux branches du Parlement.

Au mois d'août, tout de suite après les élections qui voient une importante affirmation radicale (de 1,2 à 3,4%, avec 20 élus dans les deux branches du Parlement italien et trois députés au Parlement Européen) les nouveaux élus se font promoteurs d'une demande de convocation extraordinaire du Parlement. Le quorum est atteint pour la seconde fois dans l'histoire de la République et les Chambres sont réunies dans la seconde quinzaine du mois de septembre. Le 17 le Sénat et le 20 la Chambre approuvent une Motion qui engage le Gouvernement à atteindre dans les plus brefs délais l'objectif de verser 0,33% du Produit National Brut en aide publique au développement, de façon à rejoindre la moyenne des allocations internationales (moyenne DAC), invitant le Gouvernement à s'employer "dans des délais cohérents" pour atteindre 0,7%.

Entre-temps les radicaux intensifient les contacts avec les organismes internationaux. Leur thèse est simple et forte: depuis trente ans la FAO, l'UNICEF, le PNUD et toutes les autres agences de l'ONU qui s'occupent de développement ont investi des capitaux, des hommes et des moyens dans ce secteur: le résultat est une détérioration des conditions de vie des classe pauvres et rurales des pays du Tiers Monde, alors qu'on a assisté tout au plus au renforcement d'une nouvelle classe dirigeante, indigène et urbaine, qui a remplacé, sans rien changer, les rapports de force instaurés par l'ancienne direction coloniale. En août 1979 Maria Antonietta Macciocchi, Marco Pannella, Emma Bonino et Aldo Ajello sont invités à la réunion annuelle du Conseil Mondial de l'Alimentation et pour la première fois dans une assise internationale ils exposent le point de vue radical sur l'extermination comme un problème avant tout de volonté politique et non de remèdes technico-opérationnels, un niveau auquel on essaye depuis longtemps de le reléguer. Il suffirait d'écarter les obstacles politiques qui s'opposent à une intervention massive dans ce secteur, affirment les députés radicaux, et le problème serait sinon résolu du moins abordé avec des chances de succès. A la même occasion le Gouvernement annonce avoir doublé l'aide italienne au développement, qui passerait donc de 0,08% à 0,16% du Produit National Brut.

En septembre les radicaux et d'autres députés déposèrent au Parlement Européen une Résolution sur le drame de la faim dans le monde, exigeant une discussion immédiate. Marco Pannella entama une autre grève de la faim visant à obtenir au plus tôt cette discussion (qui eut finalement lieu dans les sessions d'octobre et ensuite de novembre). Le Parlement Européen approuve, avec l'abstention des radicaux, un document dans lequel il demande aux gouvernements des 9 d'atteindre tout de suite 0,7% du PNB en aide publique au développement et institue un groupe de travail chargé d'élaborer un rapport détaillé sur le problème de la faim relativement à la politique communautaire d'aide au développement.

Pour la première fois le sujet "faim" entre en tant que tel dans les débats communautaires qui jusqu'alors s'en étaient occupés uniquement du simple point de vue de la coopération au développement.

Marc Pannella est admis dans le groupe de travail.

Toujours à Strasbourg, sur l'initiative des députés radicaux, est constituée par des intellectuels et des personnalités scientifiques françaises, parmi lesquelles Jacques Attali, conseiller de François Mitterrand, Bernard Levy et le prix Nobel de physique Alfred Kastler, l'"Action Internationale Contre la Faim", une association non-gouvernementale qui travaillera en premier lieu dans le secteur du volontariat avec une caractéristique suggérée par les radicaux, et autrement dit une sensibilisation de l'opinion publique plus qu'une charité à bon marché.

Le même mois se tient à Rome le Congrès du Parti qui donne mandat aux organes statutaires de s'employer à ce que soit décrétée une semaine de deuil national comme juste hommage aux morts de la faim et de la malnutrition qui ont transformés en année d'Hérode l'Année de l'Enfant proclamée par l'ONU.

Le 28 décembre 1979, dans une conférence de presse on fait le point sur les axes portants de la politique et des revendications radicales: 0,70% du PNB immédiatement plus 0,70% comme contribution extraordinaire; convocation immédiate du Conseil de Sécurité des Nations Unies, le seul organe international avec des pouvoirs contraignants sur les Etats membres, pour qu'il oblige les pays industrialisées à respecter la Résolution 2626 et décide l'envoi de véritables casques bleus de la faim, des forces multinationale désarmées avec la fonction d'interventions d'urgence dans les zones les plus atteintes par le drame de la faim et de la malnutrition. On proclame à la même occasion le devoir d'intervention là où les classes dirigeantes locales sont complices, si ce n'est seules responsables de l'holocauste.

1980

A partir du 1 janvier Marco Pannella commence une action de 'dénutrition', suivi très vite par d'autres députés et militants radicaux, s'engageant à ne pas absorber plus de 1000 calories par jour, la moyenne nutritive "normale" dans les pays en voie de développement. Du 3 au 8 janvier, face à une Chambre des Députés presque déserte, a lieu le débat sur la faim demandé par la motion de septembre. Les motions radicales sont repoussées, et on approuve un document qui n'ajoute rien de nouveau au débat déjà en cours, ni aux faibles allocations de budget.

Au Parlement Européen les radicaux demandent et obtiennent que l'on organise deux "hearings" publiques sur les problèmes de l'extermination par la faim en invitant les principaux experts européens et internationaux. Les auditions publiques ont lieu au mois de février et au mois d'avril, et voient la présence, entre autres, de Saouma, directeur général de la FAO, de Tanco, président du Conseil Mondial de l'Alimentation et du directeur du PAM.

Bonino et Macciocchi participent en février à une marche internationale au Cambodge pour dénoncer au monde les conditions de vie épouvantables de ce peuple. A leur retour elles déposent une Résolution, qu'elles réussissent à faire adopter par le Parlement Européen, avec laquelle elles demandent à la Communauté une allocation d'urgence pour les réfugiés cambodgiens.

En mars 1980 a lieu un Congrès extraordinaire du Parti radical: dans la Motion conclusive le Parti radical s'engage à "conférer à l'impératif chrétien et humaniste de "ne pas tuer" une valeur de loi historiquement absolue, sans exceptions, pas même celle de la légitime défense", délibérant par conséquent que "dorénavant, jusqu'à l'échec de la politique de l'extermination par la faim et par la guerre, un crêpe soit ajouté à l'emblème du Parti radical en signe de deuil".

Toujours au mois de mars "Il Messaggero" publie une lettre ouverte de Pannella. "Le massacre continue... cette année le monde sous-développé sera un Buchenwald... ce que l'on dépense pour cinq sous-marins atomiques suffirait pour que personne ne meure plus de faim et de malnutrition": ce sont certains passages de la lettre qui inaugure sur ce journal un grand débat et qui lance de fait la deuxième marche de Pâques qui voit plus de 40.000 personnes manifester entre Porta Pia et le Vatican sur l'invitation du Parti radical. Parmi eux, les représentants des partis et des mouvements écologistes et radicaux européens qui s'étaient justement réunis à Rome, la veille de la manifestation, pour faire converger leur lutte politique sur le point spécifique de l'extermination par la faim.



âques voit la conclusion du jeûne de Pannella et d'autres centaines de militants radicaux qui la dernière semaine avaient observé un jeûne total, le premier "satyagraha" collectif de l'occident.

Toujours au mois d'avril, durant la crise de Gouvernement, lors d'une rencontre entre les délégation du Parti radical et de la Démocratie Chrétienne (4), les radicaux déclarent leur disponibilité à ne pas refuser leur confiance au Gouvernement si l'engagement sera pris d'"allouer avec la garantie du caractère immédiat de la dépense, 5.000 milliards de lires pour sauver 3 ou 4 millions de vies humaines". Après des déclarations décevantes de la part des démocrates chrétiens, les radicaux motivent leur "non" au nouveau Gouvernement.

En mai 1980 Marco Pannella remet à Bruno Ferrero (PCI), rapporteur-coordinateur du groupe de travail sur la faim dans le monde au Parlement Européen, l'essentiel des propositions radicales. Ici aussi l'idée de base est très simple: l'ensemble des propositions et des projets existants, le rapport de la Commission Carter, le rapport Brandt, les rapports de la FAO et du Conseil Mondial de l'Alimentation, les propositions mêmes du groupe des 77 (c'est-à-dire l'ensemble des pays non-allignés du Tiers Monde) sont d'accord pour une série de mesures à court et moyen terme qui permettraient au moins, si elles étaient appliquées, une inversion de tendance. Le rapport Pannella en fait une synthèse et les propose à la Communauté et aux gouvernements des neuf pour qu'elles soient immédiatement opérationnelles. La cause principale qui est reconnue pour la situation existante est l'inertie des gouvernements et l'absence d'une volonté politique adéquate pour affronter le problème de la faim et du sous-développement. Pannella propose donc d'associer à l'approche technique du problème une analyse et une série de mesures politiques qui sont les seules à pouvoir résoudre cette question sans issue. En détail, Pannella propose de nouveau le thème du 0,7% du PNB comme obligation juridique pour les pays industrialisés, il invite la Communauté à promouvoir la convocation du Conseil de Sécurité des Nations Unies, il indique le droit à la liberté de la faim comme droit de l'homme, invitant les Gouvernements CEE au respect de ce droit, reconnu par le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels, adopté au Nations Unies le 16 décembre 1966, et à choisir la méthode des "food strategies" pays par pays comme unique approche possible, au lieu de la vieille imposition globale répartie par secteur d'intervention.

Au rapporteur Ferrero, Pannella conseille de demander à la Commission et au Conseil de la CEE deux ou trois choses concrètes, renvoyant ensuite à l'application des programmes déjà existants, au lieu de s'épuiser dans un travail incessant de propositions autonomes minimales qui n'auraient pas ajouté quoi que ce soit au problème.

Le rapport final sera par contre très différent: au lieu de quelques points fermes, des dizaines d'indications imprécises et sans échéances, typiques de la pire littérature internationale sur le sujet. C'est l'affrontement: les radicaux présentent plus de cent amendements qui, sur le modèle du rapport Ferrero, proposent une approche totalement différente. Pannella attaque durement la politique même de la Commission, incapable d'orienter ses priorités en matière de développement sur l'autosuffisance alimentaire des pays les plus défavorisés. Les radicaux, tous seuls, se prononcent contre le rapport, une fois les amendements rejetés, et avertissent qu'avec une telle ligne on n'obtiendra rien du tout.

En novembre 1980, des propositions analogues - cette fois lors de la discussion du budget CEE - sont présentées par les radicaux au Parlement Européen, mais sont repoussées; à Rome, le Congrès du Parti introduit la première partie de la motion votée au mois de mars comme Préambule du Statut du Parti.

1981

En février 1981, Pannella relance l'initiative sur la faim en allant en Sierra Leone et dénonçant, au cours d'une réunion entre parlementaires européens et représentants des 60 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique associés à la Communauté par la Convention de Lomé, l'échec de la Stratégie pour la Troisième décennie pour le Développement, bloquée aux Nations Unies par la nouvelle Administration américaine, par l'Angleterre et l'Allemagne, et surtout du commencement des Négociations Globales Nord-Sud. Pour toute réponse on refusa d'accorder la parole à Pannella au cours de la réunion elle-même. C'est le moment de plus grande fracture entre la "majorité" parlementaire et les radicaux.

En mars, la Loi financière est approuvée en Italie: la coopération avec les pays en voie de développement passe des 44 milliards de l'année précédente à 1.000 milliards en 1981, 1.500 milliards en 1982 et à 2.000 milliards en 1983, arrivant ainsi à égaler la moyenne DAC de 0,33% du Produit National Brut. C'est la première grand résultat concret de l'action radicale au Parlement.

En avril, après une série de rencontres et de contacts entre les radicaux, Marco Pannella, Emma Bonino, Jean Fabre et Giovanni Negri d'une part et des militants tiers-mondistes et nonviolents, parmi lesquels les Prix Nobel Lord Philip Noel Baker, Sean Mac Bride, Adolfo Perez Esquivel et Mairead Corrigan de l'autre, est constituée à Bruxelles l'Association Food and Disarmament International, afin de coordonner au niveau international les initiatives jugées à ce point indispensables pour la mobilisation de l'opinion publique. On décide à la même occasion de soumettre à l'attention des Prix Nobel vivants le texte d'un Manifeste-Appel contre l'extermination par la faim et pour le développement qui sera, de fait, rédigé par Marco Pannella.

En mai, les contacts se multiplient avec les organisations internationales en vue du lancement de la nouvelle campagne contre l'extermination. Les radicaux rencontrent successivement les plus hauts responsables du PNUD, de l'UNICEF, du Haut Commissariat pour les réfugiés, de l'Organisation Mondiale de la Santé. Giovanni Negri participe au travaux du Conseil Mondial de l'Alimentation, où est tracé un tableau pessimiste de la situation alimentaire mondiale à cause de l'inversion de tendance des principaux pays industrialisés en matière d'aide au développement.

En juin, le 25ème Congrès du Parti radical, convoqué au lendemain des référendums, adopte celle qui a été jusqu'à présent la bataille de simples militants et assume donc comme priorité la lutte contre l'extermination par la faim dans le monde.

Le 24 et 25 juin 1981, le Manifeste des Prix Nobel est rendu public, simultanément, à Rome, Genève, Paris, Bruxelles et New York. Le texte, grâce au travail de Food and Disarmament International et des militants radicaux, a été adopté par 53 Prix Nobel; 28 autres adhéreront au Manifeste par la suite. Des autorités spirituelles et religieuses, des Chefs d'Etat et de Gouvernement, des hommes politiques, des hommes de culture et de science saluent le Manifeste par des messages publics. A la même époque est rendue publique une déclaration des radicaux promoteurs de l'initiative dans laquelle on confirme d'une part le caractère éminemment politique du Manifeste lui-même, et on assure de l'autre que rien ne sera laissé intenté pour réaliser pleinement le Manifeste des Nobel, en ayant même recours aux actions nonviolentes "gandhiennes" prévues par le Manifeste lui-même.

C'est implicitement, l'annonce de la grève de la faim que Marco Pannella entreprendra ensuite en septembre.

Le Manifeste contient une vérité simple et par cela même révolutionnaire: il affirme qu'il est facile, et même simple, d'empêcher l'holocauste en cours dans le Tiers et le Quart Monde, il est possible de sauver les millions et les millions de vie humaines aujourd'hui à l'agonie. A cette fin il est nécessaire de mobiliser la volonté politique capable de choisir parmi les plans et les projets existants ceux qui s'adaptent au cas concret, car, affirment les Nobel, ce ne sont certainement pas les études techniques qui manquent, mais leur application concrète. Pour cela, tous sont appelés à agir, chacun à son différent niveau de responsabilité; gouvernants, parlementaires, journalistes. Les simples citoyens peuvent et doivent se mobiliser, utilisant les instruments de la démocratie et de la nonviolence, pour informer l'opinion publique de la faisabilité du Projet des Nobel et influencer ainsi les décisions des Gouvernements.

En juillet, les parlements de divers pays européens (et ils sont 18 dans le monde entier) se saisissent du Manifeste des Nobel, adoptant dans certains cas des documents conséquents; en Belgique, le Sénat vote à l'unanimité une Résolution qui engage le Gouvernement à faire du Manifeste des Nobel l'axe central de sa politique de coopération au développement en l'invitant par conséquent à élaborer un plan d'urgence pour sauver de l'extermination une population déterminée. L'adoption de ce texte avait été sollicitée, et de fait provoquée, par une grève de la faim de Nicola Cantisani, un militant radical non-voyant.

Le même mois, les radicaux déposent au Parlement Européen une Résolution qui, prenant acte du Manifeste des Nobel, demande à la Communauté d'allouer, moyennant un budget extraordinaire, 5 milliards de dollars pour sauver avant 12 mois 5 millions de vies humaines menacées par l'extermination, et de saisir le Conseil de Sécurité des Nations Unies du problème de la faim: c'est l'application la plus lucide du Manifeste à un texte parlementaire. Elle aura trois mois de temps pour recevoir les adhésions des députés européens: si la moitié plus un la signeront, elle deviendra un document officiel du Parlement Européen.

Le 27 juillet à la Chambre des Lords à Londres, le Manifeste des Nobel est présenté officiellement; le 30 la Chambre italienne des Députés adopte une Motion qui engage le gouvernement à trouver 3000 milliards de lires supplémentaires pour la lutte contre la faim dans le monde.

Fin août une délégation radicale est à Paris pour suivre les travaux de la Conférence organisée par les Nations Unies sur 34 pays moins développés, ceux où le drame de la faim est le plus grave. Symboliquement, c'est donc là que le 2 septembre Marco Pannella commence une grève de la faim. Objectif: assurer la survie d'au moins 3 millions de vies humaines menacées d'extermination. Immédiatement se constituent à Paris, et peu à peu dans toute la France, des "Comités de soutien à Marco Pannella et aux Prix Nobel" qui diffuseront l'initiative du leader radical et les contenus du Manifeste. Le 12 décembre l'initiative de Pannella est saluée officiellement par Jean-Pierre Cot, ministre de la Coopération française, Président de la Conférence de Paris.

Le 29 septembre 1981 le Parlement Européen, le même qui un an plus tôt avait accusé les radicaux de démagogie en votant ensuite un texte aussi minimaliste qui pratiquement n'avait même pas été pris en considération par la Commission et par le Conseil CEE, approuve avec une majorité sans précédents la Résolution déposée en juillet par Pannella. Les radicaux et Food and Disarmament organisent alors un Colloque public qui réunit le 14 octobre à Strasbourg les plus hautes autorités du système des Nations Unies, des prix Nobel, des députés européens et des représentants des Pays du Tiers Monde, afin d'examiner la mise en pratique de la Résolution approuvée par le Parlement Européen. A la même occasion des messages arrivent de Pannella, du Président Mitterrand, du Président du Mali et d'autres pays du Sahel, de ministres et d'hommes politiques de toute l'Europe, de plus de 200 évêques et autres autorités religieuses. Tous se félicitent de l'adoption du document, défini "historique" par Claude Cheysson, ministre français des Affaires étrangères, et prient Pannella de suspendre son action nonviolente. La presse reprend l'événement de façon spectaculaire, l'"Osservatore Romano" (5) publie la Résolution en première page.

Le 16, Marco Pannella est à la FAO pour assister à la Journée Mondiale de l'Alimentation, tandis qu'une délégation de prix Nobel est reçue au Quirinal.

Le 17, une marche pour la survie serpente dans les rues de Rome jusqu'à la FAO: plus de 30 mille personnes y participent répondant à l'appel de Radio Radicale.

Le 21, Marco Pannella et Emma Bonino partent pour Cancun, au Mexique, pour remettre officiellement aux Chefs d'Etat, présents là-bas pour le premier sommet Nord-Sud, une copie de la Résolution du Parlement Européen.

Mais ils ne sont pas reçus par les participants au sommet qui échoue de manière retentissante pour les trop d'intérêts divergents et le peu d'envie de trouver un accord.

Début novembre, le Congrès du Parti radical adopte une motion finale qui engage chaque inscrit à mener la lutte pour arracher au moins 3 millions de vies à l'extermination.

L'objectif de la grève de la faim de Pannella devient ainsi le symbole de l'action du Parti tout entier.

Le 11 novembre, le Parlement luxembourgeois adopte une Résolution identique à celle qui a été approuvée par le Sénat belge; le 19 novembre, Willy Brandt et 150 autres députés européens signent un Appel rédigé par les députés radicaux et adressé au Conseil des Chefs d'Etat et de Gouvernement de la Communauté Européenne, pour que soit prise en examen, tout de suite, la Résolution du Parlement Européen et plus en général le thème de la faim.

Suite à cette adhésion presque unanime à l'objectif de la campagne de la part des forces politiques européennes, Pannella décide, le 18 novembre, de suspendre sa grève.

Sur l'initiative radicale, plus de 180 députés de la Chambre déposent une motion qui engage le Gouvernement à élaborer un plan pour sauver au moins 3 millions de vies humaines; le Gouvernement, contre sa propre majorité parlementaire, est obligé de poser la question de confiance.

Au Parlement Européen, la requête habituelle de plus grands crédits à destiner à la lutte contre la faim en siège de budget ordinaire est appuyée pour la première fois par d'amples secteurs de l'hémicycle, communistes et socialistes en tête. Les adhésions des gaullistes français et des libéraux ne sont pas moins massives.

Fin décembre 1981, Food and Disarmament et le Comité Vie, Paix et Désarmement annoncent à Milan le lancement d'une campagne de mobilisation des élus et des administrateurs locaux moyennant une pétition populaire à adresser au Président de la République et au Parlement Européen. En Italie, l'initiative prend la forme d'une proposition de loi d'initiative populaire, pour laquelle il faut au moins 50 mille signatures.

1982

En janvier 1982 le Parti radical belge organise une manifestation devant les institutions communautaires. Les responsables sont reçus par le Président Thorn et par le Commissaire Pisani et obtiennent l'assurance que la Résolution du Parlement Européen sera examinée et discutée. A Rome, plus de 5 mille personnes participent à une marche aux flambeaux qui cette fois part de la Place Saint-Pierre pour se terminer au Quirinal. Le symbole est claire: l'Eglise, avec ses appels et ses adhésions, a fait quelque chose; maintenant c'est au tour de l'Etat.

A Bruxelles, sur l'initiative de Food and Disarmament, les prix Nobel annoncent le 3/4 mars le lancement de l'Opération Survie 1982 durant un colloque public qui voit réunis des députés de toute l'Europe et des experts d'organisations non-gouvernementales. Tous décident de participer à la marche de Pâques qui marque désormais depuis trois ans l'engagement radical contre l'extermination par la faim. Le père dominicain Jean Cardonei commence un jeûne de 40 jours.

Fin mars, les députés du Groupe Radical à la Chambre essayent par tous les moyens permis par le règlement d'augmenter le volume d'aides destinées par le budget de l'Etat à la coopération avec les pays en voie de développement, pour que l'Italie respecte ses engagements internationaux et la Résolution du Parlement Européen. Malgré une bataille parlementaire de jour et de nuit, le Gouvernement rejette les propositions radicales, confirmant cependant les allocations déjà décidées et les trois mille milliards demandés par le Parlement.

Entre février et mars, deux autres Résolutions sont déposées au Parlement Européen sur l'initiative radicale, par un groupe de députés appartenant à tous les groupes politiques: toutes deux demandent l'application immédiate de la Résolution approuvée en septembre.

Le 11 avril 1982 a lieu à Rome la Marche de Pâques. Cinquante mille personnes avec à leur tête les prix Nobel Lord Philip Noel Baker, Betty Williams, Hannes Alfven, des députés européens et nationaux, les Gonfalons d'un très grand nombre de villes italiennes et européennes, demandent à l'opinion publique et aux Gouvernements le lancement de l'"opération survie" destinée à sauver au moins 5 millions de personnes de la mort par la faim et le sous-développement.

Le Pape, dans son discours, rappelle le drame de la faim et la possibilité de le résoudre par la réduction des dépenses militaires.

Fin avril, des militants radicaux sont arrêtés dans les capitales des pays de l'Est pendant qu'ils essayent de distribuer un tract qui dénonce l'absence totale des pays industrialisés du bloc soviétique de la coopération, qui ne soit pas militaire, avec les pays pauvres. Le Parlement Européen adopte une Résolution de condamnation des arrestations, invitant à la même occasion la Commission CEE au respect de la Résolution du Parlement Européen.

Suite à une grève de la faim entreprise par deux sénateurs écologistes, le 28 avril le Sénat belge adopte une autre Résolution qui engage le gouvernement à s'employer au niveau international pour assurer la survie de 5 millions de personnes.

Alors que se poursuit la récolte des signatures des maires et des citoyens sur les propositions de loi et la pétition contre l'extermination, Gianfranco Spadaccia commence le 12 mai (suivi quelques jours plus tard par Athos De Luca et Valter Vecellio) une grève de la faim qui ne se terminera que le 9 juillet). Giovanni Negri entreprend lui aussi une action nonviolente analogue, pour protester contre la censure des moyens d'information radiotélévisés d'Etat, et pour l'application d'une Résolution de la Commission de Surveillance sur la RAI-TV (6) qui prévoit une série d'émissions, jamais réalisées, sur le problème de la faim.

Fin mai, plus de 1300 maires ont adhéré au texte qui leur était soumis par les organisations radicales. Ils se réunissent à Milan le 17 et 18 mai pour décider l'organisation de leur campagne. Le 3 juin ils sont reçus par le Président Pertini et lui remettent la pétition signée par plus de 50 mille citoyens, parmi lesquels de nombreuses autorités religieuses.

Le 5 juin, une grande marche a lieu à Bruxelles à l'appel du Parti radical, de Food and Disarmament et de plus de 60 Bourgmestres signataires des pétitions.

Le 14 juin, les chefs de toutes les confessions religieuses présentes en France, du Primat catholique au Grand Rabbin, de l'évêque de l'Eglise Orthodoxe à l'Imam de la Mosquée de Paris, rendent public un appel qui leur avait été soumis par Food and Disarmament, implorant que tout soit fait pour que soit donnée plein effet à la Résolution du Parlement européen.

Le 15 juin, un Colloque international est organisé qui voit de nouveau réunis à Strasbourg des Prix Nobel, des responsables ONU, des députés, et une délégation de maires signataires de la pétition. Entre-temps, plus de 500 militants radicaux venant d'Italie, de France et de Belgique arrivent à Strasbourg pour témoigner leur engagement en vue de l'importante échéance internationale.

La Résolution du Parlement européen continue en effet à ne pas être appliquée par les autorités communautaires. Le 24 juin la Commission Affaires Etrangères de la Chambre commence l'examen de la proposition de loi "des Maires".

En juillet, afin d'obtenir un cheminement rapide, Marco Pannella entreprend à trois reprises une grève de la soif, pendant que des dizaines des dizaines de militants radicaux appuient l'initiative avec une grève de la faim. En même temps Pannella effectue un fil-direct presque continu des micros de Teleroma 56 et de Radio Radicale.

Au Parlement, en attendant, les députés radicaux publient le bulletin "Survie 1982" sur lequel se rassemblent des consensus et des adhésions jusque dans les forces politiques de la majorité. Dix ministres et plus de cent députés se déclarent d'accord avec le texte de la loi des maires qui prévoit l'allocation de trois mille milliards et la création d'un Haut Commissariat. Mais c'est justement sur ces deux points que doit s'axer le débat politique, dépassant les frontières des coalitions. Pietro Longo (7), par exemple, au nom de son parti, adhère au projet politique radical, mais c'est dans la position du Parti socialiste qu'apparait l'obstacle majeur.

Plus de 160 Evêques, entre-temps, font converger leur adhésion à l'initiative, qui concerne désormais des secteurs très larges de l'opinion publique, comme le témoignent les milliers de coups de téléphone à Radio Radicale et à Teleroma 56 venant de toute l'Italie.

Fin juillet, après que la publication d'un article de Claudio Martelli sur "L'Avanti" fait croire à un changement de l'intransigeance socialiste, le Président de la Commission Affaires Etrangères Andreotti annonce sa disponibilité pour une entente avec les socialistes sur un texte éventuel de médiation qui n'aurait pas touché, dans le fonds, la proposition des maires, et l'approbation rapide de la loi. Mais c'est à ce moment-là qu'arrive soudain la censure et le veto de la direction socialiste et, en définitive, de Bettino Craxi (8).

Tout cela pendant qu'aux membres de la Commission Affaires Etrangères sont adressées quotidiennement des centaines de lettres de citoyens qui demandent un vote selon conscience, dans l'espoir commun d'assurer des vivants au développement. Le veto socialiste, cependant, fait en sorte qu'au lieu de la loi des maires est atteint un projet d'entente qui, tout en focalisant l'aide italienne au développement dans l'exigence primaire de satisfaire des besoins fondamentaux des populations intéressées, ne quantifie pas en trois mille milliards la somme additionnelle nécessaire pour sauver au moins trois millions de vies humaines et ne prévoit pas la création d'un Haut Commissariat, se contentant de souhaiter que l'ensemble des aides soient coordonnées par un seul ministère, dans ce cas par le Département de la Coopération auprès des Affaires Etrangères.

Début août, de nouveau, les Maires, les intellectuels et les autorités religieuses italiennes prennent l'initiative d'adresser un Appel aux parlementaires pour les pousser à une approbation rapide d'une loi conforme à l'objectif de sauver au moins 3 millions de vies humaines. En quelques semaines - grâce à l'apport d'organisation et financier déterminant du Parti radical - cet appel a trouvé des adhésions de grande importance et la campagne de récolte de souscriptions est encore en plein déroulement.

2. Les premiers résultats concrets

La politique radicale a opéré ces années-ci sur deux plans distincts et parallèles: la revendication d'une intervention immédiate pour conjurer l'holocauste en cours en créant en même temps les conditions d'un vrai processus de développement, et la sensibilisation et la participation progressive de l'opinion publique et des forces politiques, sociales, religieuses et culturelles pour faire assumer au problème de la faim et du sous-développement le rôle qui est le sien dans notre décennie: celui de clé de voûte de tout le système économique international et, en définitive, de notre vie de tous les jours.

Le premier objectif, immédiatement opérationnel, n'a été atteint qu'en partie: cette année il n'y aura pas trois millions de vivants arrachés à l'extermination par la faim et la malnutrition. Il existe, en revanche, des mesures financières concrètes qui n'auraient jamais été prises sans la pression obstinée du Parti radical et de tous ceux qui ont adhéré ou participé à la bataille.

De ce point de vue le bilan de ces trois premières années témoigne toute une série de décisions et de mesures, italiennes et au niveau européen, qui tout en n'accueillant qu'en partie les thèses et les propositions radicales, fondent cependant à différents niveaux le problème de la lutte contre la faim, et donc sa priorité dans le rapport avec d'autres formes de coopération au développement, dans le débat politique, dans les allocations de budget, dans les choix opérationnels.

C'est dans cette optique qu'il faut évaluer la campagne l'extermination, en comparant la situation qui existait en 1979 à la situation actuelle et en considérant l'insuffisance de moyens et les conditions politiques mêmes dams lesquelles a travaillé ces dernières années le Parti radical.

La faim, de conséquence presque inévitable du sous-développement qu'une industrialisation accélérée des pays du Tiers Monde, selon les thèses structuralistes, aurait fait disparaître au fur et à mesure, devient, pour l'approche radicale, la cause même du sous-développement et son élimination la condition principale d'un développement au nom duquel "on ne sacrifie plus les hommes et la société d'aujourd'hui" - comme l'affirment les Nobel - "au nom d'un projet d'Homme et de Société". La faim, presque ignorée par les documents officiels des Organisations Internationales comme problème en soi, apparait de plus en plus dans le langage des "préposés aux travaux" et de l'opinion publique. Sur ce thème on organise des congrès, des séminaires d'information. Le Premier Ministre Spadolini (9), au cours du sommet des pays industrialisés à Ottawa, prend l'engagement, au nom du Gouvernement italien, de coordonner les politiques des pays occidentaux en thème de lutte contre la faim et la malnutrition. Une "rencontre" internationale est organisée par le Ministère italien des Affaires étrangères avec des experts nationaux et des organisations internationales, et une autre réunion est désormais imminente.

Au niveau du langage aussi l'approche radicale, que l'on peut résumer dans le slogan "assurer tout de suite des vivants au développement" commence à être admise dans le langage courant. Le Ministre italien des Affaires étrangères annonce qu'un plan national en collaboration avec l'UNICEF "permettra de sauver un millions d'enfants en cinq ans". Le Commissaire de la CEE Pisani écrit, répondant à une interrogation de Pannella, qu'une allocation communautaire en faveur des réfugiés dans les pays d'Afrique "permettra d'assurer la survie de 3.200.000 réfugiés" (...!).

En ce qui concerne la sensibilisation de l'opinion publique, elle est sans précédents. Si les forces disparates qui se sont unies sur ce thème au-delà des coalitions idéologiques, religieuses, culturelles, sociales continuent leur action, elles seront à même d'armer la volonté politique nécessaire pour vaincre définitivement le drame de la faim. A deux reprises, en Italie, une allocation extraordinaire de 3.000 milliards pour sauver, tout de suite, avant douze mois, 3 millions de vies humaines a été sur le point d'être approuvée au Parlement par une majorité formée de députés de tous les Groupes politiques prêts à un vote de conscience plus que de coalition, et seule l'intervention du Gouvernement d'abord et de la Direction socialiste ensuite n'a pas fait aboutir ce qui semblait désormais acquis.

a) Allocations opérationnelles

En 1979 le gouvernement italien n'avait alloué pour la coopération avec les pays en voie de développement que 200 milliards. Aucune allusion au problème spécifique de la faim. Dans le budget 1982 sont inscrits dans la même rubrique 1.500 milliards et 2.000 milliards dans le budget 1983. Autrement dit l'allocation en faveur des pays en voie de développement a été pratiquement multiplié par dix en trois ans.

En outre, un ordre du jour parlementaire adopté par le Gouvernement - mais pas encore appliqué - l'engage à destiner ces fonds de façon prioritaire à la satisfaction des besoins fondamentaux des populations intéressées, et donc à la lutte contre la faim et la pauvreté; une nouvelle loi organique sur cette matière est actuellement à l'étude de la Commission Affaires étrangères de la Chambre.

Au sein de la Communauté Européenne, de 1979 à 1982, l'allocation pour la coopération au développement a augmenté de 60%, mais ce qui est encore plus important c'est que la plupart des propositions radicales (adoption immédiate de stratégies alimentaires pays par pays, mise en fonction concrète de la Réserve Alimentaire Internationale d'Urgence, priorité aux plans de développement ruraux intégrés, plus grande aide aux réfugiés, augmentation immédiate du personnel CEE, etc.) font désormais partie des fondements de la politique communautaire après avoir été jugées au début velléitaires et utopiques justement par les responsables communautaires eux-mêmes.

De la même façon, il faut attribuer à la pression radicale une allocation extraordinaire qui fut destinée en 1980 aux réfugiés cambodgiens à la demande en premier lieu des députées au P.E. Bonino et Macciocchi, ainsi que l'augmentation, en termes de pourcentage, de l'aide belge aux pays en voie de développement.

Le problème à présent est la manière effective dont seront gérées ces allocations. Des lenteurs bureaucratiques, un fractionnement des fonds, une incapacité de formuler ou d'adopter de nouvelles stratégies, des intérêts de parti ou de courant empêchent encore aujourd'hui de fournir un jugement positif sur l'action et de l'Italie et de la Communauté Européenne elle-même.

Mais en même temps on ne peut pas ignorer que ces sommes, à un moment où l'on assiste à une réduction des dépenses publiques à l'exception, pour l'Italie, des dépenses militaires, représentent un point de départ important même si insuffisant pour une politique concrète de lutte contre l'extermination et de coopération au développement.

b) Campagne d'information et de sensibilisation

Au niveau de la sensibilisation de l'opinion publique les résultats sont évidemment meilleurs, même si pour l'instant ils sont moins concrets.

80 Prix Nobel, près de la moitié de ceux qui sont encore vivants, ont signé le Manifeste-Appel. Les plus hautes autorités internationales, du Secrétaire de l'ONU Waldheim, à Brad Morse, Vice-Secrétaire des Nations Unies et Administrateur du PNUD, à tous les directeurs et présidents des Agences spécialisées, FAO, UNCTAD, Organisation Mondiale de la Santé, UNICEF, Conseil Mondial de l'Alimentation, IFAD, Haut Commissaire pour les Réfugiés, Programme Alimentaire Mondial, Croix Rouge Internationale ont adhéré à l'initiative des Nobel et salué l'action internationale de Marco Pannella et du Parti radical. Beaucoup ont participé aux colloques publics organisés par Food and Disarmament ou envoyé des représentants.

Des Chefs d'Etat et de Gouvernement, du Président Mitterrand au Président du Sénégal, du Président du Mali à Pertini lui-même, du Premier Ministre Belge au Roi Hassan du Maroc, des hommes d'Etat et des hommes politiques, de Pierre Mendès France à Willy Brandt, de Senghor à Michael Foot, des dizaines et des dizaines de parlementaires de tous les pays européens et des Etats-Unis, dix Ministres du Gouvernement Spadolini et beaucoup d'autres hommes de Gouvernement de l'Europe des Dix ont envoyé à différent titre et différent niveau des messages, exprimé leur solidarité, manifesté leur accord avec la bataille radicale et ses objectifs. Dix-huit Parlements du monde entier ont discuté le Manifeste des Nobel ou de toute façon du problème de l'extermination par la faim sur sollicitation des députés radicaux au Parlement Européen et de Food and Disarmament: beaucoup ont adopté des motions et des résolutions conséquentes.

Le Parlement Européen a annoncé l'engagement de l'Europe d'assurer au développement 5 millions de vies humaines tout de suite et a confirmé cette position à plusieurs reprises, malgré l'opposition des autres institutions communautaires. Des partis politiques écologistes et radicaux européens ont introduit le thème de la lutte contre l'extermination dans leur plate-forme politique. C'est ce qu'a fait aussi l'Association des Villes Martyres - Villes de Paix qui vient de se constituer au niveau international. 1.300 Maires et Administrateurs locaux italiens, français et belges ont signé une proposition de loi contre l'extermination et deux pétitions populaires, se constituant en Comité des Maires contre l'Extermination et envoyant leurs propres délégations chez le Président Pertini et chez le Président du Parlement Européen.

Des centaines et des centaines d'autorités religieuses catholiques, des Eglises protestantes, orthodoxes, de confession hébraïque, musulmane, les Conférences Episcopales, l'Union Mondiale des Eglises, ont uni leur prière et leurs voeux souhaitant l'arrêt immédiat de l'holocauste par des lettres, des messages, des Appels oecuméniques, des interventions publiques, des adhésions aux pétitions internationales, la distribution du Manifeste des Nobel et de la Résolution du Parlement Européen aux communautés des fidèles. Dans de nombreuses diocèses du monde entier le Manifeste des Nobel a été lu et commenté au cours de fonctions sacrées; le Pape lui-même a rappelé, à plusieurs reprises, comme jamais dans le passé, le fléau de la faim et l'"Osservatore Romano" a accordé une attention toute particulière aux initiatives d'inspiration radicale, des Résolutions parlementaires à la Marche de Pâques elle-même.

Des hommes de culture, des scientifiques, des artistes, des intellectuels ont participé au lancement du Manifeste, souscrivant ses objectifs, ou ont participé aux initiatives radicales. Les joueurs de football de toute l'Italie ont observé une minute de silence au cours du dernier championnat en mémoire des millions et des millions d'exterminés par la faim et la malnutrition.

En France et en Belgique se sont constitués des dizaines et des dizaines de "Comités de soutien à l'action des Nobel et de Marco Pannella" qui ont diffusé le Manifeste et les thèses radicales sur tout le territoire national. A Paris, l'Assemblée Nationale a été pressée par un lancement de tracts qui demandaient de plus grandes allocations contre l'extermination. Des manifestations, des jeûnes collectifs, des grèves de la faim et de la soif, des défilés aux flambeaux et des cortèges ont marqué ces dernières années les diverses étapes de l'action radicale. Dans toutes les grandes villes italiennes, dans toute la France, à Bruxelles et en Allemagne, dans les Pays du Pacte de Varsovie, des militants radicaux ont donné naissance à des manifestations et des distributions de tracts d'information.

Des colloques et des rencontres au plus haut niveau ont été organisés à Rome, Strasbourg, Florence, Paris, Milan et Bruxelles.

Des dizaines de milliers de citoyens ont envoyé des adhésions et des contributions aux radios radicales, au Parti, à Food and Disarmament, aux Comités, signant les pétitions et les propositions de loi d'initiative populaire. Des Conseils régionaux, des Comités de Maires, des Associations contre l'extermination se sont constitués ou sont en train de se constituer. Les journaux nationaux et un grand nombre de journaux étrangers parmi les plus importants, malgré la censure et le véritable black-out imposé très souvent aux initiatives radicales, ont suivi et rapporté l'ensemble de la campagne. A plusieurs reprises les premières pages des quotidiens, surtout étrangers, ont parlé des initiatives liées à l'action contre l'extermination. Les télévisions de toute l'Europe ont diffusé des images et des nouvelles sur les diverses phases de la bataille en cours, et à plusieurs reprises des débats ont confronté les thèses radicales à d'autres positions.

3. Les propositions radicales

Au cours des trois années de campagne contre l'extermination par la faim, les propositions radicales ont été variées et de différente nature.

Au début de la bataille sur la faim le premier argument mis au point a été juridique: face à une situation internationale qui favorisait de fait le maintien d'un régime de sous-développement et de misère des populations, surtout rurales, de la plupart des Pays du Tiers Monde, il semblait évident de se concentrer avant tout sur les engagements pris par la Communauté internationale en thème d'aide au développement et de lutte contre la faim, et de demander compte de leur respect aux Gouvernements intéressés.

Une veille méthode de lutte radicale privilégie en effet le moment juridique: en effet la plupart des actions radicales nonviolentes s'axent justement sur la demande de respect du Droit et des lois existantes, plus que sur la demande de nouvelles mesures providentielles.

Ainsi, les fondements de la première phase de la bataille radicale ont été, comme nous l'avons déjà fait observer, les demandes de respect ponctuel d'obligations juridiques assumées librement au niveau international et jamais respectées ou seulement réalisées en partie par les Etats contractants. En tout premier lieu, celle qui exige le respect de la Résolution n. 2626 des Nations Unies qui engage les Etats adhérents à verser au moins 0,70% de leur Produit National Brut en aide publique au développement. Une Résolution de l'ONU n'est pas en soi obligatoire au même titre, mettons, qu'un traité international: mais certaines d'entre elles, dont la 2626, adoptées avec une certaine majorité et sur des sujets d'une nature et d'une importance particulières, ont acquis, à la lumière de la pratique et de la doctrine juridique internationale la plus prudente, une valeur d'obligation para-juridique qui fait qu'il est impossible pour les Etats qui les ont approuvées d'en ignorer les conséquences.

Ainsi, même si deux ou trois Etats scandinaves plus la Hollande ont donné pleine réalisation à cette position, l'objectif du 0,70% en aide publique au développement est répété dans tous les documents internationaux comme point de départ idéal de toute politique concrète de coopération et les gouvernements y font continuellement référence, pour justifier peut-être le fait qu'ils n'ont pas satisfait leur obligation. Typique dans ce sens est une des premières déclarations du Président Mitterrand, qui a tenu à annoncer, au lendemain de son élection, que la France arrivera à 0,70% avant fin 1988", à la fin autrement dit, comme par hasard, de son mandat présidentiel.

Dans cette optique, il a été demandé compte en premier lieu évidemment à l'Italie de son respect de cette Résolution et d'autres documents de même teneur: la réponse, après deux ans, a été l'allocation globale de 4.500 milliards pour les trois années 1981-1983, de façon à élever l'aide de l'Italie à la moyenne des contributions des autres pays industrialisés. Une des critiques les plus courantes adressées à l'approche radicale est celle de trop privilégier le moment économique, presque comme si avec de l'argent on pouvait résoudre automatiquement tous les maux du Tiers Monde. La réalité, comme on le voit, est fort différente: les radicaux ont simplement demandé ces années-là le respect d'un engagement pris, bien qu'en sourdine, par le Gouvernement italien dans les années précédentes et jamais respecté. Par conséquent les sommes "astronomiques" demandées par les radicaux ne reflètent pas autre chose que des engagements pris au niveau multilatéral que seule l'absence d'une volonté politique nationale adéquate empêche de rendre opérationnels. La seule requête "supplémentaire" des radicaux est au cas où celle de destiner en priorité ces fonds à la satisfaction des besoins fondamentaux des populations intéressées, et par conséquent à la lutte contre la faim, plutôt qu'au soutien aux Gouvernements "amis" des pays moins développés.

La seconde requête faisait acte de l'engagement pris solennellement par les pays participants à la Conférence Mondiale de l'Alimentation organisée à Rome en 1974 de "vaincre avant dix ans le fléau de la faim et de la malnutrition", en accord avec l'autre engagement, pris cette fois dans le contexte d'un traité international, qui engage les Etats contractants à "assurer le droit à la liberté de la faim comme un droit de l'homme".

Les radicaux en ont demandé et en demandent la pleine réalisation, par la convocation aussi d'une autre Conférence internationale, mais dotée cette fois d'un pouvoir délibératif.

Et c'est justement sur le caractère délibérant de certains organes de l'ONU que s'est axée la troisième requête de l'action radicale: la requête autrement dit de solliciter immédiatement le Conseil de Sécurité des Nations Unies en le saisissant du problème de la faim et du sous-développement considéré sous l'aspect d'une menace grave pour la paix et la sécurité internationale. Dans un monde où les disputes de frontière les plus banales sont portées à l'attention du plus haut organe des Nations Unies, il apparait insensé de laisser pur apanage des organes technico-exécutifs du système ONU le problème de l'extermination par la faim, alors que le nombre de ses victimes dépasse de loin celui de tout conflit armé en cours. Tout cela avec la pleine conscience de l'incapacité du Conseil de Sécurité d'assurer, dans la plupart des cas, une ligne décisionnelle qui dépasse le veto de telle ou telle autre grande puissance. Notre conviction est en effet que la stimulation et l'impact psychologique qu'un tel acte provoquerait, serait en soi une condition essentielle pour le succès de la campagne en cours; entre autre, il mettrait finalement en évidence l'absence totale des pays du bloc de l'Est de la coopération avec les pays en voie de développement.

Les mesures qui étaient précisées comme étant immédiatement adoptables par le Conseil de Sécurité étaient la déclaration obligatoire du respect du 0,70% pour les Etats qui avaient approuvé la Résolution 2626, et l'envoi, ou du moins la constitution de véritables casques bleus de la faim dans les pays et dans les régions où le problème de la faim et de la malnutrition est le plus dramatique et là où l'autorité du gouvernement central ne suffit pas à assurer des conditions de vie normales. En définitive, un devoir d'intervention pour conjurer l'holocauste en cours face auquel la Communauté internationale ne peut et ne doit pas rester indifférente.
En ce qui concerne les mesures les plus nettement économiques, les radicaux ont toujours indiqué l'ensemble des mesures élaborées et mises au point par toute une série d'experts au niveau international, mettant en évidence la façon dont ces propositions, pourtant excellentes et immédiatement applicables, restent sans effet par manque d'une volonté quelconque de les rendre opérationnelles.

Il n'y avait pas, autrement dit, la présomption d'élaborer de nouvelles stratégies, mais plutôt la conviction que d'excellents experts et spécialistes étaient sous-utilisés par manque d'initiatives politiques adéquates. Et c'est justement la conviction de la bonne qualité d'une série de plans existants, qui vont contre-courant par rapport à la situation existante et qui demandent une intervention pour garantir avant tout la survie des populations intéressées en les rendant en même temps auteurs de leur propre développement, qui a déterminé la seconde phase de la campagne radicale.

Dans ce sens, un slogan et une approche particulière ont englobé les revendications précédentes et à la fois synthétisé l'analyse radicale. "Assurer des vivants au développement est possible, il faut le faire tout de suite".

C'est le message du Manifeste des Prix Nobel, qui a déterminé de fait la seconde phase de l'engagement radical contre l'extermination. 80 Prix Nobel, parmi lesquels des économistes comme Leon Tieff, Gunnar, Myrdal, Kenneth, Arrow, Lawrence, Klein, Jan Timbergen ont affirmé qu'il est possible, et donc urgent, de rendre à la vie et au développement les dizaines de millions de victimes chaque année de l'extermination par la faim.

La méthode, une seule: surmonter immédiatement les causes de cette tragédie en conjurant au plus tôt ses effets. Concrètement, attaquer en priorité les taux de mortalité des régions où l'on meurt le plus de faim et de sous-développement en déterminant les conditions pour une autosuffisance alimentaire et sanitaire de ces populations comme condition fondamentale pour toute politique de développement.

Dans les pays occidentaux le taux moyen annuel de mortalité ne dépasse pas 9,10 pour mille; dans les pays du Tiers Monde la moyenne monte à 16/17 pour mille et dans beaucoup de pays elle dépasse 20 pour mille. Cela signifie, en désagrégeant les données, que si dans les grandes villes de ces pays la moyenne annuelle est de 13/14 pour mille, dans les campagnes on atteint même facilement un taux de mortalité de 30 pour mille chaque année, la plupart des décès ayant pour cause des maladies associées au manque de nourriture et d'une hygiène adéquate. L'espérance moyenne de vie dans nos pays est de plus de 70 ans, dans les pays d'Afrique elle est comprise entre 39 et 47 ans.

Ce sont là les données dont il faut tenir compte lorsqu'on veut donner naissance à une vraie politique de lutte contre la faim. Et dans ce sens le Parlement Européen a été le premier à quantifier les indications des Nobel en indiquant en 5 milliards de dollars la somme nécessaire pour assurer la survie, en 12 mois, de 5 millions de vies humaines.

Cinq milliards de dollars sont un chiffre énorme pour de l'assistance pure et simple à 5 millions de personnes, comme beaucoup croient que les radicaux veulent faire. En réalité 5 milliards sont le minimum indispensable pour une action en deux phases contextuelles qui d'une part efface la faim et la malnutrition et de l'autre crée les conditions concrètes d'un vrai processus de développement. Pas une pure aide alimentaire donc, comme veulent le faire croire les adversaires de la position radicale, mais une intervention de grande dimension, une sorte de véritable plan Marshall pour le Tiers Monde. En effet la position du Parlement Européen a été immédiatement soutenue par les plus hauts responsables du système des Nations Unies qui se sont déclarés prêts à en assurer la mise en exécution. Mais encore une fois est manquée la décision politique concrète au niveau européen. On peut dire la même chose en ce qui concerne l'Italie, où la proposition de loi des Maires pour le lancement d'un plan d'urgence immédiat est encore bloquée à la Commission Affaires Etrangères de la Chambre.

Un plan d'urgence pour la survie, voilà la clé pour contribuer à vaincre la faim et le sous-développement. Pas un programme plus ou moins articulé d'aides alimentaires - celui que continue encore à poursuivre la CEE malgré le fait que ses responsables accusent ensuite les radicaux d'être les auteurs de cette même politique - mais une action en profondeur qui permette de vaincre le drame de la faim et, à la fois, de lancer une politique de développement.

A la lumière de l'échec des autres stratégies internationales basées sur de longs délais et sur le consensus de toute la Société internationale sur un programme nécessairement minimal, il faut opposer une initiative autonome et courageuse qui, brisant le front de l'indifférence et de l'apathie qui caractérise ces années-ci les rapports Nord-Sud, crée les conditions pour une inversion de tendance et, en définitive, pour un nouvel ordre économique international stable et durable, à même d'assurer vraiment, avec l'élimination des poches de sous-développement les plus intolérables, la paix et la coopération entre les Nations.

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N.d.T.

1 - QUIRINAL. Une des sept collines de Rome où se trouve le palais du Président de la République. Par extension, "Quirinal" sert à désigner la Présidence de la République elle-même.

2 - PERTINI SANDRO. (Stella 1896 - Rome 1990). Homme politique, italien. Socialiste, il fut emprisonné et exilé par le fascisme. De 1943 à 1945 il participa à la Résistance. Secrétaire du Parti socialiste, député, président de la Chambre (1968-76), Président de la République (1978-1985).

3 - ANDREOTTI GIULIO. (Rome 1919). Représentant de la Démocratie Chrétienne. Secrétaire de A. De Gasperi, il commença très tôt, comme Sous-secrétaire à la Présidence du Conseil, une carrière ministérielle ininterrompue: Intérieur (1954), Finances (1955-58), Trésor (1958-59), Défense (1959-66), Industrie (1966-68), Budget (1974-76). Président du Conseil de 1972 à 1973, puis de 1976 à 979, et de 1990 à 1992.

4 - DEMOCRATIE CHRETIENNE (DC). Parti italien d'inspiration chrétienne/catholique. Constitué sous ce nom dans l'après-guerre recueillant l'héritage du Parti Populaire, né dans le premier après-guerre par l'oeuvre d'un prêtre sicilien, don Luigi Sturzo. Après les élections de 1948, dans le climat de la guerre froide, il devint le parti de majorité, s'approchant certaines fois de la majorité absolue. Composant central de tout gouvernement, il a détenu le pouvoir sans interruptions pendant un demi siècle, conditionnant fortement en sens modéré le développement de la société italienne. Aux élections de 1992, pour la première fois, il descend sous la barre des 30% des suffrages. La DC a été dissoute en 1994 et a donné naissance au PPI (Parti Populaire Italien) et CCD (Centre Chrétien Démocrate).

5 - OSSERVATORE ROMANO. Le quotidien du Vatican.

6 - RAI-TV. Radio-Télévision italienne.

7 - LONGO PIETRO. (Rome 1935). Homme politique italien, secrétaire du Parti social-démocrate italien (PSDI) depuis 1978, il abandonna le secrétariat et la politique car impliqué dans de graves scandales.

8 - CRAXI BETTINO. (Milan 1934). Homme politique italien. Socialiste, député depuis 1968. Devenu secrétaire du Parti socialiste italien (PSI) en 1976, il a profondément changé la physionomie du parti, le faisant devenir l'axe d'un ample projet de réformes même institutionnelles et d'unité des forces socialistes.

9 - SPADOLINI GIOVANNI. (Florence 1925 - 1994). Historien et homme politique italien. Directeur du "Resto del Carlino" (1955-68), et du "Corriere della Sera" (1968-72), Ministre des Biens Culturels (1974-76), secrétaire du Parti républicain à partir de 1979 et ensuite Président du Conseil à partir de 1981. Il a été également Président du Sénat.
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Lo sterminio per fame e sottosviluppo nel mondo
Tre anni di politica radicale (1979 - 1982)
Gruppo parlamentare radicale - Camera dei deputati
a cura di Gianfranco Dell'Alba