Face à la tragédie en cours en Tchétchénie, aux plus de 150.000 morts, aux plus de 300.000 réfugiés, au recours systématique à la torture, aux enlèvements, viols, vols, destructions, ... le Parlement européen a pris, au cours de ces dernières années et de ces derniers mois des positions précises, parfois courageuses, souvent trop timides.
Aux côtés des multiples dénonciations de parlementaires européens du scandale que constitue le fait qu'à plus de 30 mois du début de la seconde guerre de Tchétchénie, le Commissaire européen, Poul Nielson, ne soit toujours pas rendu en Tchétchénie, le Parlement européen a, à deux reprises, pris officiellement position, invitant de façon pressante le Commissaire en charge de l'aide humanitaire à se rendre en Tchétchénie de toute urgence pour évaluer la situation et pourvoir aux exigences les plus urgentes et dramatiques en termes d'intervention humanitaire.
En outre le Parlement européen n'a cessé de réaffirmer la nécessité d'une solution politique pour mettre un terme au conflit et il s'est prononcé publiquement et à maintes reprises en faveur de négociations entre les parties russe et tchétchène.
Enfin le Parlement n'a cessé de rappeller que la Présidence de M. Maskhadov, le gouvernement et le Parlement tchétchènes sont des institutions légitimes dont l'existence est le résultat direct d'élections qui, selon l'OSCE et, par conséquent, la Russie elle-même, se sont déroulées correctement.
Telles sont les raisons qui nous amènent à nous associer durant les journées du 12 au 14 mars à la grève de la faim entreprise par Olivier Dupuis le 21 février dernier. Ce geste n'a aucunement pour objectif d'"obliger" le Parlement Européen à adopter des positions qui lui seraient étrangères mais seulement de lui rappeller que les positions qu'il a prises, à moins de les considérer comme de simples déclarations d'intention, devraient l'amener à:
- demander la démission (ou à tout le moins le retrait du portefeuille de l'aide humanitaire) du Commissaire Poul Nielson qui non seulement n'a pas répondu aux sollicitations répétées du PE mais, surtout, n'a pas assumé les responsabilités qui sont les siennes en tant que Commissaire en charge de l'aide humanitaire de l'Union européenne;
- inviter, en leur qualité de représentants légitimes du peuple tchétchène et selon les modalités qui lui sembleront les plus opportunes, le Président tchétchène, M. Maskhadov et les ministres de son gouvernement;
- organiser au sein du Parlement européen une audition des négociateurs nommés par les présidents russe et tchétchène afin de pouvoir comprendre l'état réel d'avancement des négociations que le PE appelle de ses voeux, que le Président Poutine a affirmé vouloir entamer et que le Président Maskhadov ne cesse de proposer.
Outre ces actes politiques qui ne sont, selon nous, rien de plus que des actes obligés eu égard aux positions et aux responsabilités que vous avez déjà assumées, nous vous invitons à prendre en sérieuse considération la possibilité de vous prononcer en faveur de la reconnaissance internationale de la Tchétchénie, afin de contribuer concrètement au processus de paix et à mettre un terme à la tragédie historique et politique qui est celle du peuple tchétchène depuis sa colonnisation par la Russie, il y a trois cent ans.
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